this is my life;
- Tu sais, coco, tout à l’heure une cliente m’a raconté un truc qui m‘a bien fait réfléchir. Des générations entières de jeunes filles ont grandis en croyant au mythe du prince charmant. L’homme aux cheveux gominés, enfourchant son cheval blanc, tout gentil tout mignon tout intelligent tout beau. Et des générations entières de jeunes filles ont été déçu. Car le prince charmant n’existe pas, on est d’accord. Elles se plaignent que les hommes sont tous des enfoirés qui pensent avec ce qu’ils ont sous la ceinture. Du coup, je me dis : On nous prend pas pour des pigeons, là ? Ces contes qui font rêver, expliquent grosso modo qu’un mec, pour se caser, doit être beau gosse, héritier d’une multinationale, avoir une ferrari et accomlir une quête héroïque qui se résumerait à tuer un tigre à main nu ou bien descendre un banc de voyous dans les rues d’Apujong. Le tout pour finir avec la paysanne qui nous ramène que des ennuis. 
- T’as l’air blasé, le vieux. Je t’en voudrais pas de te remarier, tu sais. Enfin, te marier, déjà...
- C’est pas si simple, fiston. C’est pas faute d’essayer. A mon niveau, j’me contenterais même de la sorcière.

Lorsque Shi Hyuk est né, à Busan, il y a vingt cinq ans, son père n’était qu’un voyou des bas quartiers. Un reclus de la société qui passait son temps à racketter les gens, à dépenser son argent au pachinko et à passer ses nuits en prison. Alors qu’il n’avait même pas assisté à la naissance de son rejeton, il se retrouva avec ce dernier dans les bras : Sa bien aimée avait préféré s’enfuir avec un beau prince plutôt que de passer le restant de ses jours avec un vaurien. Célibataire et sans expérience, le paternel de Shi Hyuk songea plus d’une fois à abandonner son enfant, jugeant qu’il vivrait mieux dans une vraie famille. Mais il préféra le garder avec lui et l’éleva avec le peu d’attention qu’il pouvait lui offrir. A tort. L’éducation des parents conditionne l’évolution d’un enfant. Si le premier est un voyou, le second n’a que peu de chance d’échapper à son cruel destin. Et ce, malgré tout l’amour du monde.

C’est donc avec la même ligne de conduite douteuse de son vieux que notre jeune homme, très tôt conscient de son intelligence phénoménale, grandit. Ses premières combines débutèrent en primaire, lorsqu’il arnaquait les bonbons des autres élèves en leur bourrant le crâne d’inepties. Durant ses années d’école, ses notes étaient remarquables mais son comportement suspect faisait de lui le vilain petit canard des professeurs. Durant ses années au lycée, il fut même accusé à multiple reprise pour violence, vandalisme et vol. Mais échappa à la peine, à chaque fois grâce à l’intervention de son père; devenu entre temps un ponte de la mafia Sud Coréenne.

La grosse révolution dans la vie de Hyukie intervint vers la fin de ses dix huit ans. Contre toute attente ( surtout de ses professeurs et de ses amis ), le jeune adulte à l’époque, tenta les concours pour devenir policier à Séoul. Concours qu’il passa avec brio; Les raisons de ce retournement de situation ( il était prévu qu’il reprenne l’empire « criminel » de son père ) restent toujours mystérieuses. Mais le natif de Busan ne supportait pas de devoir suivre la trajectoire que lui prédisait son géniteur, lui qui aimait plus que tout la liberté. Il garda son statut sept mois durant. Mais lorsqu’il assista par erreur à un rendez vous durant lequel le commissaire reçu un pot-de-vin d’un politicien véreux, il comprit que ce monde n’était pas plus fait pour lui qu’un autre. Il quitta alors la police pour ouvrir une boîte de nuit branchée qu’il nomma avec amour. Le « Wicked Wench » où tous les jeunes viennent pour s’amuser la nuit. D'autres le surnomment le « Black Pearl », car c'est aussi le nid de toutes les magouilles mafioso de Séoul.

Notre Yakuza est aujourd'hui connu pour être un homme rongé par la démence. Certains le croient fou. Estimant qu'il devrait se faire interner. D'autres pensent qu'il est si pitoyable qu'à un moment ou à un autre, il finira en prison. Mais si certains aiment voir le verre à moitié vide, Shi Hyuk préfère le voir à moitié plein : Tant qu'on parle de lui, peu importe si c'est en bien ou en mal.