this is my life. La famille Suzuki était une famille prospère et respectée à Séoul. Deux grands chirurgiens esthétiques venus tout droit du Japon pour venir refaire des nez et des visages aux coréens qui en avaient besoin (et qui surtout, en avaient les moyens !). Ils avaient 3 garçons, beaux et intelligents, comme leurs parents. Les trois ainés étaient tout à fait à l’image de leurs parents: sérieux, arrogants et déterminés, ils étaient de ceux qui jugent les artistes dans les rues comme étant des ratés, qui ne considère pas la musique ou le cinéma comme des vraies carrières et qui sont horripilés par le fait de jouer dans le sable ou dans la boue. Peut-être que la famille aurait du s’arrêter là en fait. Mais alors que le troisième avait 11 ans, maman Suzuki tomba enceinte par accident et c’est en août de l’année suivante que naquit le bébé, un autre petit garçon, Razan.

Vous saviez que Razan signifie ‘’Prince’’ en hébreu ? En tout sens, il portait très bien son nom. Il était chouchouté par ses parents ainsi que par les deux premiers garçons, mais jalousé par le dernier, à qui il avait volé la place. Dès son plus jeune âge, Razan démontra un gout prononcé pour les arts, pour la danse et le chant, pour le cinéma et tout ce qui sortait de l’ordinaire, ce que ses parents trouvèrent mignon dans les débuts. Mais quand le cadet de la famille se fit renvoyé pour la 4ième fois de sa classe de primaire, parce qu’il n’avait pas fait son devoir et qu’il avait séché son cours pour aller voir des artistes clandestins jouer de la musique devant l’école, les parents Suzuki devinrent inquiets. Ils eurent beau l’inscrire à des cours de rattrapage, à lui proposer toutes sortes de récompenses, plus dispendieuses les unes des autres, afin de le motiver à obtenir de bons résultats scolaires, rien n’y fit. Pas qu’il n’était pas intelligent, bien au contraire. Juste qu’il n’avait absolument aucun intérêt pour les sciences ou les mathématiques. Mais, au grand désarroi de sa famille, il excellait en musique et en arts.

On dit que le temps arrange les choses, mais dans le cas de Z (son surnom), il n’en fit rien. Alors que l’ainé était déjà médecin généraliste, que le deuxième recevait son diplôme en neurologie et que le troisième achevait sa deuxième année en pédiatrie, Razan, toujours au lycée se consacrait au théâtre et à flâner, sortir dans les bars et faire la fête.

Lorsque vint le temps pour lui de choisir une université, il déclara à ses parents qu’il désirait devenir chanteur et voulait rentrer dans le plus grand conservatoire de la région. Vous vous en doutez bien, ses parents ne furent pas du même avis, espérant pour leur fils une VRAIE carrière en médecine, et non une perte de temps artistique. Frustré et révolté, Razan prit ses affaires et quitta le nid familial à l’âge de 17 ans. Il quitta également l’école pour se consacrer à son travail de croupier dans un casino, casino qui lui laissait parfois monter sur scène pour faire un numéro de son cru. Quelle opportunité !

Pauvre depuis peu, Razan avait quelques difficultés à passer de luxe à strict minimum, et dut apprendre à ne pas dépenser toute ses paies dans l’alcool ou dans les fêtes. Il habitait chez des amis, durant quelques jours, puis changeait. Il osa même s’immiscer dans la vie solitaire de son ami d’enfance, Song Min Wan, un policier qui voyait très mal ses petits vols et sa philosophie volage. Il ne l’endura donc pas plus qu’une semaine, avant de le renvoyer à la rue.

C’est un après-midi de juin qu’il rencontra , au poste de police où il avait été emmené pour s’être fait prendre à voler dans une épicerie, Masao, un garçon gentil et timide et surtout....très influençable. Il ne lui fallut que quelques minutes pour le convaincre de lui faire une place dans son appartement, et dans vie du fait même. Il croyait bien s’amuser à ses dépends, mais il se surpris lui-même à s’attacher à son colocataire, si bien qu’ils devinrent rapidement inséparables. Deux complices un peu délurés qui aimaient bien faire de petits coups ici et là.